Le temps s’est assagi et nous remontons vers la frontière West Sahara pour suivre la piste du train.
Arrêt à Shami pour ravitaillement en eau et en nourriture. Nous ne prendrons que peu de choses, et surtout rien en viande (qui pendue dehors disparait sous les mouches!) car la ville est assez inhospitalière, axe de transit, comme décrit dans le post précédent (banc d’arguin).
Après un arrêt gasoil indispensable, un remplissage d’eau, et un remorquage inattendu, nous prenons la piste du train à Boulenoire, direction Choum.
C’est parti pour 450 kms dans le sable, en restant sur le côtè sud des rails, le côté nord étant toujours miné suite au conflit entre les Sahrawis (Polisario) qui revendiquent leur territoire Est (à droite de la ligne rouge) du western Sahara et les revendications marocaines qui portent sur l’ensemble de ce territoire.
Les marocains de 1980 à 1987 ont même construit un mur de 2500 kms en pierres et sable pour défendre ce territoire. Les sahrawis, natifs de cette région sont dans des camps au sud de l’Algérie…On dit même que les français et les américains ne sont pas étrangers à ce dispositif, il y aurait du pétrole dans le coin …
Dégonflage des pneus avant le sable.
Les rails sont soumis à des pressions terribles et sont souvent en maintenance.
Nous croisons une équipe qui renforce les rails de chaque côté. Ils déversent du sable en ouvrant des trappes des wagons.
Un peu plus loin nous croisons un cimetière de wagons. Un grave accident en 2004 a projeté ces tonnes d’acier à quelques dizaines de mètres des voies et depuis elles se recouvrent peu a peu de sable.
On voit la violence du déraillement à la torsion des tôles.
Notre périple est rythmé par le passage des trains, 6 par jour sans compter les petites locos de maintenance.
On l’entend venir bien avant de le voir dans ce paysage plat ou les bruits sont quasi inexistants. Un bruit sourd, grave, lointain, lent. Il nous faut attendre parfois 15 bonnes minutes avant de l’apercevoir, au loin, dans un halo tremblant, comme suspendu dans l’air, surtout quand il revient de la mine avec son chargement réparti dans les 200 wagons.Tout tremble aux alentours.
Ce n’est qu’un train, c’est aussi notre seul lien avec la civilisation sur cette piste pendant des kms, et un peu notre doudou, en un mot on le kiffe!
On le surveille, on l’attend, on l’entend ou on croit l’entendre, on le regarde, on l’observe, on le commente!
A la moitié du chemin, nous nous arrêtons au village de Tmeimichat et avons la chance de voir le train à quai ( enfin, c’est beaucoup dire..)
Le village ne compte plus que quelques familles, celles qui vendent oignons et conserves au personnel du train et aux militaires de la mini caserne, celles qui travaillent pour la maintenance des lignes.
Nous discutons avec un émissaire administratif qui vient de Nouadhibou pour la première fois ici et dont la mission est l’organisation d’élections…
Les habitants passent commande par le train pour tout, y compris pour les citernes d’eau…
Regardez bien la photo et l’inscription !
Pendant la soirée, il fait déjà nuit noire, nous entendons venir notre doudou préféré, on le guette par la progression de ses phares extrêmement puissants et du bruit qui s’amplifie.
Nous sortons sous les étoiles et tout à coup, frisson car énorme signal sonore long qui n’en finit pas! (beaucoup plus stressant que “et j’entends siffler le train lalalala”)
Toutes les sensations sont plus fortes la nuit. On devine que le train s’arrête, on voit de l’activité autour puis il repart …
Nous échafaudons des hypothèses avant de s’endormir, un peu sur le qui vive malgré tout ..
Le lendemain en repartant nous montons au plus près des rails et nous voyons un dromadaire blanc, couché qui ne bouge pas à notre approche. C’était donc pour lui, le klaxon et l’arrêt en pleine voie. Malheureusement il était salement touché à l’arrière train et ne pouvait plus se lever.
Un train passe et il est paniqué.
Nous étions en pleine compassion avec ce pauvre animal sans pour autant voir ce que nous pouvions faire pour l’aider, quand nous vîmes arriver un camion avec des mauritaniens, tous très excités. Ils ont été averti par le conducteur du train, et comme tous les dromadaires sont identifiés, ils viennent le récupérer pour l’abattre hallal et le manger (ou vendre la viande?). C’est une grosse prise pour eux.
Dans un sens tant mieux il ne fallait pas le laisser en plein soleil et surement souffrant beaucoup.
La montée dans le camion a été dur pour lui.
Cet intermède malheureux est aussi un heureux hasard. Nous avons rencontré 2 chouettes équipages avec lesquels nous avons fait un bout de route sur une quinzaine de jours.
Notre prochaine étape sera pour le monolithe de Ben Amera, 1er monolithe d’Afrique par sa hauteur et 3ème du monde après ceux d’Australie.( un Monolithe est formé par un seul gros caillou)
Et des cailloux ça ne manque pas dans le coin. Ce sont des géants granitiques brulés par le soleil, magnifiques.
De quoi grimper pour admirer le paysage.
Et pour finir un thé, ou plutôt une cérémonie du thé sous la tente traditionnelle (Khaima) qui dure à chaque invitation plus d’une heure et jai également droit à une manucure à l’henné.
Et la tradition de l’hospitalité fait que chaque mauritanien rencontré t’invite à partager le thé.