Dans un village perché au dessus de la palmeraie de Skoura,il y avait, il y a 20 ans, 13 familles de potiers. Aujourd’hui il n’en reste plus que 3.
Dans la famille Kabor, de grand-père en père puis en fils et petit fils,on fabrique des pots pour cuire le pain et aussi d’autres poteries pour la décoration et des tajines.
Pour la matière première, c’est le grand-père qui part avec l’âne dans le désert pour ramener la terre nécessaire pour travailler.
Puis avec le savoir-faire de Mohamed, la métamorphose peut commencer.
Tout d’abord frapper la terre et les cailloux pour réduire au maximum les cailloux en grains , puis la tamiser pour n’utiliser que le grain comme de la semoule !
Puis sur une sorte d’oeuf de dinosaure fait en terre, il aplatit sa galette, la mouille et la ré-aplatit..
Et quand elle toute lisse, il égalise la base et la prend pour la faire sécher au soleil.
Il les change de place au fur-et-à mesure pour que le séchage soit homogène.
Il a également construit un tour de potier avec une gente de voiture qu’il fait tourner sur un axe avec son pied.
Après il faut cuire. Le four a été construit par son grand père et il le remet en état régulièrement car il est aussi en terre.
Pour le démarrer des feuilles sèches de palmier, puis des racines d’épineux pour le maintenir en chaleur pendant 3 heures. Il le fait fonctionner une fois par semaine quand il peut entièrement le remplir de poteries. Il couvre le dessus par d’anciennes poteries cassées.
La famille vit ensemble, les 2 enfants, les parents et gd père, les soeurs et belles soeurs.
Chaque femme du foyer est responsable d’une tache ménagère, lavage, cuisine, nettoyage. C’est traditionnel ici.
Le plus grand des enfants va à l’école du village et après il ira à Skoura où il y a le collège et le lycée.
J’ai acheté une petite tajine qui va sur le feu, je n’ai pas pu résister, nous allons bien lui faire une petite place dans nos tiroirs. Comme je suis à pied et à quelques kms du camping, il me propose d’amener la tajine ce soir en mobylette. Il passera à 20h alors qu’il fait nuit noire.
Le lundi il descend au souk de Skoura pour vendre ses poteries.
Il vend les petites tajines moins de 2 euros pièce ..
Nous avons pu échanger ensemble car il parle et comprend le français. Il l’a appris au contact d’une dame qui vit dans la palmeraie et qui lui a enseigné. Aujourd’hui c’est en discutant avec nous les touristes qu’il continue à apprendre.
Mohammed, il est tout entier dans son sourire et son hospitalité.
Il m’a installée, confortablement sous sa tonnelle, puis nous avons bu le thé et trempé le pain tout juste cuit par sa femme dans l’huile d’olive juste pressée, une tuerie!
Puis il a ramené un plat de lentilles corail et des petits poissons genre sardines cuits au feu, c’était leur repas de midi qu’ils partageaient, et nous sommes restés à discuter, moment si précieux, entre 2 inconnus qui ne le sont plus tout à fait l’espace d’une après midi…
Quelle chance! J’ai croisé un potier de la race des seigneurs…