Heureusement que nous avons COJO, notre joujou extra pour les pistes crac boum hue de ce nouveau pays !
En quittant la Guinée Bissau la route est un vrai gruyère qui oblige à slalomer de gauche à droite, et de droite à gauche. De temps en temps on mord sur les côtés de la route dans les traces des autres voitures, qui se font des petits délestages pour résister aux assauts des marmites . Bref la moyenne horaire avec Cojo est plutôt autour de 20 kms/h dans les bons moments!
Arrivés à la frontière de la Guinée Conakry , la piste fait peur ! …On se demande parfois où elle est, elle se perd dans les rochers et est affreusement creusée par le passage des camions pendant la saison des pluies. Aucun engin pour aplanir n’est visiblement passé par là depuis des lustres…Par contre cette petite frontière est bien sympathique, question douanes et police.
La Guinée est un pays qui a bien sur vécu son lot de colonisation et de traite négrière. C’est aussi le pays de l’Afrique de l’ouest française qui a eu la mauvaise idée en 1958 de faire un pied de nez à De Gaulle. Homme politique guinéen et président de son parti, Sekou Touré fait un volte face de dernière minute en disant non au référendum sur l’autonomie au sein de la communauté franco-africaine et préfère l’indépendance. Ce ne sera pas sans conséquence sur l’économie balbutiante de cette première république. Pendant son “règne” ce même Sekou Touré en bon dictateur ne fera pas que du bien à son pays.. Il décide de suivre l’exemple de la révolution culturelle chinoise en 1967 et de nationaliser les terres. S’en suivent des années de famine et de misère avec exode des guinéens et répression massive des opposants.
Il est obligé d’assouplir sa politique mais laisse un pays en déroute à sa mort en 1984.
Lansana Conte lui succède et met en place des réformes financières et économiques positives pendant une 10zaine d’années mais les 10 années suivantes voient l’effondrement des petites avancées et les populations souffrent.
Jusqu’en 2010 un autre régime militaire s’impose avec sa cohorte de bonnes actions : opposants tués, femmes violées et on frise les crimes contre l’humanité. Arrive Alpha Condé et un peu de répit pour les guinéens .
Le gouvernement essaie d’enclencher des travaux majeurs pour le pays , rétablir la filière riz, amener l’électricité en construisant des barrages et renégociation des contrats pour l’extraction de la bauxite pour faire rentrer de la devise.
Mais les progrès se font attendre, tout est très lent. A la fin du mandat d’Alpha Conde en 2020 , c’est un nouveau putsch et les militaires sont de retour depuis lors et jusqu’à ce jour….
L’éducation est loin d’être encore pour tous, malgré les efforts faits sur la construction des écoles primaires un peu partout. D’après les statistiques actuelles, autour de 60% de la population serait analphabète
Nous voyons les enfants marchaient le long de la route dans leurs uniformes marrons pour rejoindre l’école ou en revenir vers 14h30.
Beaucoup de villages que nous traversons sont sans eau courante ni électricité, et l’islamisation du pays s’est renforcée, notamment dans le Fouta Djalon, oú les Peuls sont implantés.
Nous avons pu constater un nombre impressionnant de mosquées et des mosquées en construction dans les villages les plus éloignés, et les plus petits, avec des matériaux riches, en général 4 très hauts minarets, …alors qu’autour ce sont des huttes en paille …. Ça rappelle le temps des cathédrales !! Mais il n’y avait pas encore internet…
Une maison typique du Fouta Djalon
Ah parlons Internet ! Il est capricieux, joue le plus souvent à cache-cache et avec notre patience.Nous voyons de temps en temps quelques mats mais en 3 G la plupart du temps, beaucoup de coupures. Sans compter que le nouveau gentil gouvernement progressiste a aussi coupé les accès aux réseaux sociaux. Tout le monde installe des VPN ….et nous aussi !
Enfin l’explosion des installations de gasoil et d’essence dans le port de Conakry en novembre dernier nous oblige à être vigilants pour remplir le réservoir de CoJo, les pompes sont fermées , et ouvrent suivant des horaires, disons personnalisés.
Après avoir roulé vers le sud nous entrons dans une région magnifique ; le Fouta Djalon , haut plateau entre 700 et 1000 m avec des forêts, des falaises abruptes et des rivières qui dégringolent en cascades . C’est tout à fait enchanteur.
Pour profiter de ces montagnes et des cascades, nous nous écartons de l’axe principal Labé-Pita (fait à moitié de goudron, et moitié de piste) pour prendre des plus petits chemins repérés sur notre GPS, et ce, avec une certaine naïveté …
Notre moyenne horaire va encore chuter! Parfois du 5km/h vu les passages sur les rochers, cailloux, crevasses, ornières, tout y est ! Sans parler des pistes qui commencent avec des traces de voitures et qui rétrécissent dangereusement, de la taille d’une trace pour une moto ou une âne! …Quelques bonnes frayeurs et toujours une taraudante interrogation , si demi-tour obligé, où pourrons-nous le faire ???….
Petites huttes dortoirs pour les chèvres
Nous passons des moments inoubliables dans cette région magnifique. A côté de Lelouma, les paysans ont construit des échelles en bois, pour descendre de la falaise et aller d’un village à un autre sans avoir à faire des kms. Nous partons les découvrir et les utiliser avec guide et enfants du village. Très impressionnant, de l’eau ruisselle sur les flancs de la faille. Et la falaise donne le vertige…! tout ça sous 40 degrés ou plus au soleil…
Les enfants descendent pieds nus, les femmes avec leur chargement pour le marché et nous nous sentons 2 éléphants dans cette aventure intense!
Notre guide qui tient la boutique du village nous invite à manger avec lui. Sa femme a préparé un plat typique: riz, sauce, petits légumes et morceaux de viande, c’était délicieux. Une seule gamelle et des cuillères à soupe pour chacun.
Il nous a accompagné pendant plus de 2 heures, sans rien demander, et en plus ils nous invite à manger, quelle hospitalité.
Avant de partir on fait la distribution de paquets de gâteaux devant le match!
Après cette randonnée sportive, on cherche à découvrir une autre source d’intérêt toute proche, dans le village adjacent, un rocher un peu bizarre dont on nous a parlé.
Surprise, pour continuer notre piste il faut traverser des villages et ici ils sont entièrement clôturés et la piste pour y accéder s’arrête donc, devant un portail en fer fermé. Est-on vraiment au bon endroit? A-t-on loupé la piste? Tempête sous 2 crânes ramollis (fin de journée!) Nous n’osons pas ouvrir car on ne sait pas trop si nous n’arrivons pas directement dans une habitation! Heureusement un groupe de jeunes filles ouvrent le portail et nous disent de passer. Nous avons un drôle de ressenti de poursuivre notre route avec la voiture dans un espace clos. Evidemment tout le monde est dehors à nous regarder, ce qui n’est pas fait pour nous détendre quand on conduit. Entre les maisons la piste est peu visible. Et comme ils vivent dehors, nous passons toujours très (trop) près des gamelles de cuisine, des poules et de leurs poussins ou des chèvres avec les chevreaux. Sans parler des enfants qui courent devant ou derrière et que nous devons surveiller car certains se pendent à la voiture.
Comme souvent ce sont les enfants et ados du village qui viennent avec nous pour nous indiquer le chemin du fameux rocher.
Un vrai gros champignon qui dominent les vallées. saisissant!
Toutes ces aventures concourent à une très bonne ambiance dans les villages du Fouta que nous traversons.
Une partie de dames, jeu très populaire ici. Ils claquent les jetons sur l’échiquier en jouant.
Maintenant, direction les falaises et le débusquage des cascades.
Nous choisissons d’aller à 2 d’entre elles …
Cascade de Saala : on finit a pied !!
Et Kees avec son attaché-case part au boulot!
Les motos passent partout !
et Kees se lance courageusement, l’eau est frisquette !
Un pont de lianes avant les cascades
Grâce au drone on capture des belles séquences lors des randonnées aux chutes de Kambadaga et de Saala .
Les chutes de Kambadaga:
Et les chutes de Saala:
En allant voir les falaises de DOUCKY (nous ne les verrons qu’avec une brume qui voile tout et empêche de faire des photos correctes, dommage)
Nous remarquons que les maisons (nouvelles), celles construites avec les briques en terre, ont souvent des toits en plusieurs pentes qui se recouvrent, ce qui leur permet de ne pas faire de faîtière pour joindre les pans de la toiture. l’impression générale est plutôt jolie.
Des cavités sur le bord de la route creusées à main pour extraire du sable, le sable tombe en grattant puis il le transporte en brouette.
Autre particularité qui s’accentue à mesure que nous allons vers l’ouest et la région de Fria :des champs brulés sur des hectares et des hectares.
Nous croisons aussi des paysans qui, avec hache et faucille déforestent, et nous retrouvons des “piquets de bois” liés prêt à vendre sur le bord des routes.
Un remplissage d’eau avec les femmes.
Un petit tour chez le dentiste ? , vous avez le choix..
On finit ce tour de Fouta Djalon par Pita, petite ville tranquille où nous débusquons des tisserands. Ils tissent une longue bande d’une 30taine de cms, à partir de bobines de coton, qui sera après assemblée pour faire un pagne.
Les enfants (surtout les garçons) ne sont pas tous à l’école. Beaucoup travaillent avec la famille et s’initient comme ça au “métier” de leurs parents.
Dans le village des échelles quand tout le monde était assis devant la télé pour regarder la coupe d’Afrique, Un viel homme s’est levé et nous a dit de l’attendre.
Au bout de 20 minutes, il est revenu avec ce régime entier de bananes.
Voila ce que ça fait de marcher au soleil!
Allez un “au revoir” romantique…pour clore ce post, symbole de cette région si belle et accueillante .
1 Comment
Ange
J’adore vous lire et nous faire voyager . 🥰🥰🥰